mercredi 26 août 2015

RFI - Le défi d'Arash Derambarsh contre le gaspillage alimentaire

RFI - Le défi d'Arash Derambarsh contre le gaspillage alimentaire

media Arash Derambarsh lors d'une maraude à Courbevoie en décembre dernier. Arash Derambarsh
 
Obliger les supermarchés à redistribuer leurs invendus, tel est le combat mené par un jeune élu de Courbevoie, en banlieue parisienne. Arash Derambarsh, débordant d’enthousiasme, a bien l’intention que cette lutte aboutisse à une loi, ce qui serait une première en France. Ambitieux et décidé, il projette même de l’étendre par la suite au continent africain. Un défi de longue haleine que le jeune élu entend mener jusqu’au bout.

« Les Courbevoisiens m’ont demandé d’agir sur la vie concrète des gens, de ne pas faire de baratin ou de blabla comme beaucoup d’élus ». Les bases sont posées. A 35 ans seulement, il a tout du politicien. Arash Derambarsh raconte son combat pour la énième fois. Les médias sont déjà nombreux à s’être emparés de son histoire et le conseiller municipal gère avec tact sa popularité croissante. Le discours est maîtrisé, sans ambages, les mots sont pesés. « L’idée est venue d’un vécu, raconte le jeune homme. J’ai connu la faim lorsque j’étais étudiant et que je ne gagnais que 700 euros par mois. »
Aujourd’hui, il s’insurge que le 10 de chaque mois, la classe moyenne se serre la ceinture et que les SDF soient de plus en plus nombreux dans l’Hexagone. Face à cette alarmante situation, Arash Derambarsh, « élu de la République », comme il aime à le répéter, veut apaiser les souffrances de ses concitoyens par une manière simple : stopper le gaspillage alimentaire. Chiffres à l’appui, il poursuit sa démonstration, expliquant que chaque jour, ce sont entre 20 et 40 kilos d’invendus qui sont jetés dans chaque supermarché, une « aberration ». Au niveau planétaire, un tiers de la production mondiale de nourriture est gâchée…
Alors, l'homme est passé à l’action en fin d’année dernière. Le terrain, quoi de mieux pour un élu ! A la fermeture d’un supermarché de sa ville, accompagné d’amis et de citoyens de Courbevoie, Arash Derambarsh récupère les invendus de la journée et les distribue aux plus démunis de sa ville qui jouxte le quartier d’affaires de La Défense à l’ouest de Paris. « Chaque soir, on distribuait l’équivalent de 500 euros de nourriture ». Les médias aidant, l’action du Courbevoisien a eu un écho retentissant. « Comme ce qu’on faisait n’était pas légal, et bien on demandait une loi », poursuit l'élu.
Ainsi, en janvier dernier, il lance une pétition avec son « ami », l’acteur et réalisateur Mathieu Kassovitz pour qu’une loi imposant, ou incitant aux supermarchés de donner, soir après soir, tous leurs invendus à l'association de leur choix, soit votée. Techniquement, ce que propose Arash Derambarsh, c’est donc que chaque citoyen puisse créer une association pour ensuite s'adresser à l'enseigne de son choix dans sa commune, afin que celle ci lui remette les invendus pour une distribution le soir même. Aujourd’hui, plus de 170 000 personnes ont déjà signé la pétition, un réel succès pour celui dont le discours est rodé et efficace. Car écouter Arash Derambarsh, c’est être confronté à un exercice journalistique peu commun tant le protagoniste contrôle la situation et écarte d’un revers de main toute forme de critique ou « parasitage ».
Des soutiens de poids
Plus de quarante parlementaires et élus de toutes couleurs politiques soutiennent désormais l’initiative d’Arash Derambarsh, dont des soutiens de poids. Des stars du show-biz sont aussi aux côtés du jeune homme qui semble avoir un réseau plus qu’impressionnant... Laetitia et Johnny Halliday, Omar Sy, etc., la liste est longue. Récemment, c’est ONE-France, l'organisation cofondée par Bono, chanteur du groupe U2, qui a apporté son soutien à l’action de l’élu.
Le 7 avril, le Courbevoisien va « convaincre » l'Élysée du bien-fondé de son initiative, accompagné d'une délégation de 15 personnes dont Frédéric Daerden, qui a mis en place un système quasi-similaire et qui a fait ses preuves à Herstal, en Belgique. Suite à cette pétition, le député Guillaume Garot a pris l’engagement de légiférer contre le gâchis alimentaire. « Député, je ferai, avant la mi-avril, des propositions concrètes au gouvernement, pour mettre en œuvre dans notre pays une politique cohérente contre le gaspillage alimentaire, qui permette de faciliter le don et plus largement d’éviter le gaspillage. C’est dans ce cadre que sera traité le problème des invendus de la grande distribution. Je proposerai dans la foulée, une loi, écrite avec des élus de tous bords politiques, tirant les leçons des multiples initiatives locales menées partout en France ». « Il y aura une loi avant l’été sur le gâchis alimentaire », s’enorgueillit de son côté Arash Derambarsh, plus que jamais sûr de lui et qui semble ignorer l’existence du mot « douter ».
Rien ne l'arrête, ni certaines associations qui ne considèrent pas nécessairement cette initiative d’un bon œil, craignant des mesures coercitives, ni même le poids des lobbys industriels. « Je suis un élu français, les pressions ne me préoccupent pas. Rien ne peut et ne pourra m’influencer. Rien. Toutes ces forces obscures des lobbys, je les combattrai ». Alors fait-il cela par pur humanisme et par pur altruisme ? Il semblerait que oui, puisque l’élu, imperturbable, ne prétend avoir aucune visée électorale avant 2020… « Tout ceci, pour moi, est un objectif d’intérêt général. Rien de plus. Je suis là pour apporter des réponses à un problème. Je suis dans l’action, je ne suis pas un idéaliste ».
Une utopie ?
Arash Derambarsh, fort de sa victoire qu’il estime certaine, ne veut pas se cantonner à combattre le gâchis alimentaire en France. En fin politicien, il entend ainsi s’attaquer au continent africain… là où sévit aussi un gaspillage alimentaire d’une toute autre teneur. La cause est noble et belle, mais elle paraît utopiste. Sauf pour le jeune élu, irrité par le mot. « Nous faisons une action locale, dit-il, mais la pensée est globale ». Doctrine du village planétaire à l’appui, l’élu de Courbevoie, volontiers séducteur, analyse : « La grande pauvreté, elle est en Afrique. Et le gâchis, il est aussi dans les supermarchés du continent noir. Et là-bas, avec dix fois moins on peut se nourrir dix fois plus. On veut taper très fort ».
Arash Derambarsh, peut-être un brin naïf, est persuadé que son action dans l’Hexagone va faire effet boule de neige. « Je veux prendre le calendrier international à témoin et dire que ce que nous voulons faire en France, en Belgique, nous le ferons ensuite dans l’Union européenne puis à l’international ». Et d’expliquer qu’en octobre et en novembre prochains, ce sera à la table des Nations unies par le biais de One-France. La lutte contre le gaspillage fait en effet partie des 17 Objectifs de développement durable (ODD) devant être adoptés en septembre à l’ONU. Quand on sait que la quantité de nourriture jetée par l’ensemble des producteurs, distributeurs et consommateurs des pays dits « riches » pourrait nourrir sept fois la population souffrant de la faim dans le monde, la cause vaut plus que jamais la peine d’être défendue.
Altermondialiste ou sauveur de l’humanité dans l’âme, Arash Derambarsh veut que sa génération, celle des trentenaires, se rende compte que si rien n’est fait, l’humanité court à sa perte. « Quand les gens ont faim ou ont soif, en France ou n’importe où sur la planète, ca provoque des guerres ». Et l’élu de justifier que son discours est sensé : « Notre pétition a été signée dans bien d’autres pays que la France. J’ai reçu des mails de soutien du monde entier ». Et Arash Derambarsh de poursuivre son discours tout en serrant les mains de ses concitoyens de Courbevoie. Si l'initiative d’Arash Derambarsh ne fait pas l'unanimité, sa cause n'en demeure pas moins une réponse encourageante face à l'immensité du problème de la malnutrition, qui concerne un milliard d'hommes dans le monde.


 
Arash Derambarsh et son équipe à Courbevoie

France 24 - Arash Derambarsh, l’élu français qui veut éradiquer la faim dans le monde

France  24 - Arash Derambarsh, l’élu français qui veut éradiquer la faim dans le monde




© Joël Saget, AFP | Arash Derambarsh, le 26 janvier 2015.


Le conseiller municipal de Courbevoie Arash Derambarsh, est devenu en quelques mois "la" figure internationale de l’anti-gaspillage alimentaire. Retour sur le parcours de ce militant populaire et ambitieux, reçu jeudi à l’Élysée.

Arash Derambarsh fait partie de ces hommes politiques que l’on devine tout de suite ambitieux, persévérant - voire impatient - mais indéniablement courageux. Du haut de ses 35 ans, ce conseiller municipal divers droite de Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, peut se vanter d’avoir défié le puissant lobby agroalimentaire français et d’avoir réussi à le faire plier.
Comment ? En partant en croisade contre le gaspillage alimentaire. Le 21 mai dernier, l’Assemblée nationale a voté - à une rare unanimité - l’interdiction pour les grandes surfaces de jeter leurs invendus ou de les rendre impropres à la consommation, notamment en les aspergeant d’eau de Javel. Désormais, les supermarchés devront s'efforcer de nouer des partenariats avec des associations. Une première en France que l’on doit en grande partie au combat de ce pourfendeur du gâchis, dont l’engagement a été relayé par de prestigieux médias comme "Le Monde" ou encore le "Guardian", en Angleterre.


Pour couronner cette victoire législative, l’élu de Courbevoie est invité jeudi 11 juin à l’Élysée. Arash Derambarsh sera reçu par Patrice Biancone, le conseiller du président chargé des relations avec les ONG. Une fierté pour l’élu qui devrait demander l’aide de Paris pour mener son combat à l’échelle européenne. "Nous sommes le premier pays au monde à obliger les supermarchés à redistribuer les invendus. C’est incroyable ! Il faut que ça continue", s’enthousiasme-t-il auprès de France 24.

Un système aberrant

Cet emballement pour la cause, Arash Derambarsh explique l’avoir chevillé au corps depuis longtemps. Né en France de parents iraniens ayant fui leur pays après la révolution islamique, le jeune élu raconte qu’étudiant il n’avait pas beaucoup de ressources. "Je gagnais environ 800 euros par mois. Mon loyer était de 400 euros. Il ne me restait que 400 euros pour le reste, les factures et la nourriture. C’était peu." En grandissant et en s’engageant dans la voie de la "res publica", le jeune homme se fait alors une promesse, celle d’éradiquer la faim. Un projet pharaonique, un peu fou, qu’il n’a pourtant jamais abandonné. "Beaucoup d’hommes politiques sont déconnectés de la réalité. Je ne veux pas être comme eux, explique-t-il, il faut se battre, et pour se battre, il faut aller sur le terrain."
"Contourner la chaîne du froid" (Vidéo AFP)

Il expérimente donc le milieu humanitaire en créant son association "Courbevoie 3.0". Il fait du porte-à-porte dans sa ville auprès de Monoprix, Franprix, pour récupérer la marchandise invendue, mais se heurte à chaque fois à une fin de non-recevoir.

Seul Carrefour Market conclut un marché avec lui. Nous sommes en janvier 2015. Trois fois par semaine, les bénévoles pourront venir récupérer les invendus à 21h30 et les redistribuer le soir même. "Ce que nous faisions était honorable mais illégal. C’est là que j’ai réalisé que le système était complètement aberrant. Chaque jour, chaque supermarché gâche plus de 40 kg de nourriture. Dans le même temps, la classe moyenne a de plus en plus de problèmes économiques !", explique-t-il. "C’était absurde, nous ne pouvions pas rester les bras croisés. Il nous fallait une loi".

Une cause noble, un communicant hors pair

Arash Derambarsh s’engage donc dans la deuxième phase de son combat : l’action médiatique. En janvier de la même année, il lance avec le réalisateur français Matthieu Kassovitz, son ami, une pétition sur le site change.org qui recueille en moins de 16 semaines plus de 200 000 signatures. "Un record qui nous a aidés à porter le projet aux portes de l’Assemblée". Pendant ces quatre mois de pétition, les soutiens affluent. De nombreuses personnalités telles que Johnny Hallyday, Bruno Gaccio, Omar Sy, Youri Djorkaeff ou encore Antoine et Emma de Caunes frappent à sa porte.

Sa notoriété grandit aussi vite que son programme contre le gaspillage alimentaire s’affine. Sa communication se perfectionne. Ses interventions sont travaillées, ses réponses fusent, scolaires, claires, précises. Comment les grandes surfaces vont-elles se plier à la loi ? Rien de plus simple, affirme-t-il. "Tout fonctionnera grâce à deux canaux de distribution". Il y aura les associations agréées (Restos du cœur, Croix-Rouge…) qui pourront récupérer une partie de la marchandise en respectant la chaîne du froid. Et il y aura les autres associations qui répartiront, de leur côté, les invendus le soir même. Pour faciliter cette deuxième option, Arash Derambarsh souhaite instaurer un droit opposable qui permettrait à tout citoyen de créer une association pour ensuite s’adresser au supermarché de son choix et récupérer la nourriture.

Certaines associations alimentaires, pourtant, ne partagent pas ses méthodes. Elles redoutent notamment les complications logistiques de la nouvelle loi : qui s'occuperait du tri ? Qui s'occuperait des déchets liés à ce tri ? Par ailleurs, d'autres observateurs voient avant tout dans son engagement un formidable coup de pub médiatique. Mais l’élu ne veut pas passer pour un Rastignac cachant ses ambitions politiques derrière une cause louable. "Je ne me présenterai à aucune élection avant 2020 pour prouver la sincérité de mon combat", explique-t-il. 2020, l’année des prochaines municipales, répondent ses détracteurs…

Elargir le combat à l’Europe et à l’Afrique

Pour contrer ces médisances, le conseiller municipal a fait de sa cause un sacerdoce. "Je ne veux plus que la faim soit un problème. C’est peut-être naïf pour certains pourtant mon combat ne l’est pas. Les lobbys me traitent de farfelu. Je me fous de ce qu’ils pensent, moi, en quatre mois, j’ai obtenu une loi", lâche-t-il. Les "lobbys" en question l’accusent surtout de s’être trompé de cible. "La loi se trompe […] de sujet en visant la grande distribution, qui ne représente que 5 % du gaspillage alimentaire", a regretté la Fédération française de la grande distribution.

Qu’importe, c’est un premier pas, rétorque l’élu de la République. Dopé par son succès, Arash Derambarsh souhaite maintenant élargir son combat à l’Europe, et même à l’Afrique. "J’aimerais lancer une nouvelle pétition dans toute l’Union européenne, où 100 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté", explique-t-il. "Et après, oui, pourquoi pas l’Afrique ? Avec mon programme, un tiers de la faim dans le monde pourrait être éradiquée". Une utopie ? "Je n’espère pas… Tout ce que j’aimerais dire aux dirigeants européens aujourd’hui, c’est que s’il y a bien un seul projet pour lequel ils devraient se battre, un seul projet à faire passer dans leur vie, c’est celui-ci."

Enquête Paris Match - Arash Derambarsh est bien à l'origine de la loi sur le gaspillage alimentaire

Paris Match





L’origine d’une pétition qui a rassemblé plus de 210.000 signatures, le conseiller municipal arrive comme un chien dans un jeu de quille et bouscule le plan de Com de Ségolène Royal.

En mai dernier, le quotidien britannique le « Guardian » salue l’action politique d’un illustre inconnu. Arash Derambarsh, 36 ans, conseiller municipal de Courbevoie est en phase de devenir un symbole de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Six mois après son élection, l’élu organisait des collectes à la fermeture des grandes surfaces et découvrait qu’aucune loi en France ne les oblige à distribuer leurs invendus comestibles. Il lance alors, avec l’acteur Mathieu Kassovitz une pétition pour mettre fin au gaspillage de 20 kilos de nourriture par jour dans les grandes surfaces.Le succès est immédiat, amplifié par le soutien de célébrités comme Johnny Hallyday ou Omar Sy. Arash Derambarsh s’empare du sujet avec un aplomb déroutant.

Le thème est depuis longtemps dans les tuyaux au Parlement et des ministères. Trop longtemps. Un pacte national signé en 2013 a donné lieu à la désignation d’un comité de pilotage… Puis une mission parlementaire a été confiée en 2014 au député Guillaume Garot (PS). L’ancien ministre délégué à l’agro-alimentaire du gouvernement Ayrault prépare une loi… pour 2015. Contrairement à l’élu de Courbevoie, il ne veut pas rendre obligatoire la distribution des invendus comestibles, mais améliorer le système de défiscalisation pour les bons élèves. Une subvention déguisée, forcément plus incitative pour les grandes surfaces. Tandis que Garot prépare sa loi, le «Don Quichotte» de Courbevoie continue sa croisade en martelant qu’il faut contraindre les supermarchés et les hyper à distribuer leurs invendus consommables quand \une association leur demande.

Il gagne le soutien de la Croix rouge, Action contre la faim et de One France, l’association du chanteur Bono. Dans les couloirs de l’Assemblée Nationale, il rencontre Frédéric Lefebvre.


Bertrand Guay - AFP

L’ancien conseiller parlementaire lui propose de déposer un amendement dans la loi Macron en discussion à l’Assemblée. Mais le ministre de l’Economie, briefé par son Premier ministre, convainc Lefebvre de retirer l’amendement qui court-circuite le programme gouvernemental. Le rapport Garot va donner lieu à un amendement Garot puis à une loi Garot, un plan cousu de fil blanc avec à l’horizon un bel outil de promotion pour la conférence climat Cop21. La cause défendue par Lefebvre sera traitée en temps voulu. Le député accepte. Moins conciliant, Arash Derambarsh fonce au Sénat. Il convainc Nathalie Goulet (UDI) de glisser un amendement lors du vote en deuxième lecture de la même loi Macron. L’amendement est voté à l’unanimité le 10 avril. Quatre jours plus tard, Guillaume Garot remet son rapport à la ministre de l’Ecologie. Arash a pris une longueur d’avance, mais juge l’amendement qu’il a fait voter au Sénat trop «light» (il ne concerne que les supermarchés de plus de 1000 mètres carrés). Il retourne voir Frédéric Lefebvre qui lui propose cette fois d’amender la loi sur la transition énergétique bientôt discutée à l’Assemblée. Mais Guillaume Garot est prioritaire sur ce thème et sur ce texte.






Arrive le vote à l’Assemblée nationale, Frédéric Lefebvre défend son amendement et rend hommage à la mobilisation de l’élu de Courbevoie. Le député Guillaume Garot dépose lui aussi son amendement. Surprise, il propose lui aussi d’obliger les grandes surfaces à distribuer les invendus consommables. Finie l’idée d’améliorer le système de défiscalisation… A initiative égale, la majorité socialiste préfère donc celle qui est portée par son propre parti. Normal. «Vieille technique», confie un connaisseur.

La proposition de Garot est retenue, celle de Frédéric Lefebvre passe à la trappe. Tans pis. «L’essentiel c’est que le projet soit porté peu importe par qui», explique-t-il à Arash Derambarsh. D’ailleurs «le Guardian», trois jours après le vote attribuera la paternité de l’amendement Garot à… Arash Derambarsh, dont l’activisme a effectivement porté ses fruits.

LES MISES EN GARDE DE FRÉDÉRIC LEFEBVRE

En séance ce 21 mai, Lefebvre prévient de la nécessité de coordonner les deux amendements sur le gâchis alimentaire: celui déposé par Nathalie Goulet au Sénat dans la loi Macron et celui déposé par Garot dans la loi Royal. Un détail technique qui a son importance. Selon le député Lefebvre, promouvoir l’un sans l’autre comporte un risque compte tenu de la jurisprudence du Conseil constitutionnel dite de «l’entonnoir». Des propos qualifiés «d’anxiogènes» par le président de la commission des affaires économiques François Brottes (PS). Ils seront pourtant prémonitoires.

Le Conseil constitutionnel vient en effet d’annoncer jeudi dernier le rejet de l’amendement Garot… «Les amendements ont été introduits en nouvelle lecture (…). Ces adjonctions n’étaient pas à ce stade de la procédure en relation directe avec une disposition restant en discussion (…) n’étaient pas non plus destinées à opérer une coordination avec des textes en cours», peut-on lire dans la conclusion des sages. Autrement dit, en refusant de concilier les amendements Garot (PS) et Goulet (LR), le législateur vient, comme l’avait prévenu Lefebvre, de se tirer une balle dans le pied.

"IL FAUT LÉGIFÉRER D’URGENCE"

Voilà Ségolène Royal bien embarrassée. A la manœuvre depuis le début de cette campagne, elle s’était enorgueillie dans un tweet du 22 juillet de «sa» proposition sur le gâchis alimentaire – oubliant même de citer Garot… A trois mois de la Cop21, la voilà privée de loi pour réduire le gaspillage alimentaire. Dommage.

Son député Guillaume Garot promettait hier dans un tweet de déposer une proposition de loi dès la rentrée. 

Mais trois heures plus tard, ce n’était pas sa proposition qui était déposée à l’Assemblée… mais celle des députés Républicains Frédéric Lefebvre et Jean-Pierre Decool. «Il faut légiférer d’urgence», lance Frédéric Lefebvre quipropose de réunir des signatures de droite et de gauche.

En attendant que les Gaulois se mettent d’accord, la Commission européenne étudie le texte «économie circulaire» qui prévoit lui aussi de limiter le gaspillage des ressources. Voté en juillet par les eurodéputés à Strasbourg, ce texte sera présenté dans sa version définitive à la fin de l’année au moment de la Cop21. 

Il contient un petit amendement sur la lutte contre le gâchis alimentaire déposé par Angélique Delahaye (LR) et poussé en coulisse par… Arash Derambarsh, l’élu qui revient par la fenêtre quand on le sort par la porte.

La presse internationale félicite le travail de Arash Derambarsh sur le gaspillage alimentaire

La presse internationale félicite Arash Derambarsh et salue la loi sur le gaspillage alimentaire votée en France !

Revue de presse.

Arash Derambarsh, a local councillor who kickstarted fight against food waste in his Paris suburb, wants to convince more countries to follow France’s example

A councillor whose campaign against food waste led to a law forcing French supermarkets to donate unwanted food to charity has set his sights on getting similar legislation passed globally.

Arash Derambarsh said it was “scandalous and absurd” that food is wasted and in some cases deliberately spoiled while the homeless, poor and unemployed go hungry.

Derambarsh – a municipal councillor for the “Divers Droit” (diverse right) in Courbevoie, north-west of Paris – persuaded French MPs to adopt the regulation after a petition gained more than 200,000 signatures and celebrity support in just four months.

The amendment was approved as part of a wider law – the Loi Macron – that covers economic activity and equality in France and is expected to be passed by the national assembly on Tuesday, entering the statute books shortly afterwards.

It will bar supermarkets from throwing away food approaching best-before dates and deliberately poisoning products with bleach to stop them being retrieved by people foraging through bins.

Now Derambarsh wants to convince European countries and the wider world to adopt similar bans. “Food is the basis of life, it is an elementary factor in our existence,” he told the Guardian.

“I have been insulted and attacked and accused of being naive and idealistic, but I became a local councillor because I wanted to help people. Perhaps it is naive to be concerned about other human beings, but I know what it is like to be hungry.

“When I was a law student living on about €400 a month after I’d paid my rent, I used to have one proper meal a day around 5pm. I’d eat pasta, or potatoes, but it’s hard to study or work if you are hungry and always thinking about where the next meal will come from.”

Derambarsh started his campaign by collecting and distributing unwanted food from his local supermarket. “Every day we’d help around 100 people. Half would be single mothers with several children, pensioners or public workers on low salaries, the other half would be those living on the streets or in shelters,” he said.

Derambarsh is planning to table the issue – via the campaign group ONE, founded by U2 singer Bono – when the United Nations discusses its Millennium development goals to end poverty in September as well as at the G20 economic summit in Turkey in November and the COP21 environment conference in Paris in December.

An estimated 7.1m tonnes of food is binned in France each year – 67% of it by consumers, 15% by restaurants and 11% by shops. The figure for food waste across the EU is 89mtonnes while an estimated 1.3bn tonnes are wasted worldwide.











 











































































La République Tchèque

La Grèce




  

RT (Russie Télévision version française)


RT (Russie Télévision version anglaise)
                 
                    

EBS (Télévision Corée du Sud)


Le travail de Arash Derambarsh sur le gaspillage alimentaire vu par l'AFP TV et le Parisien TV

Le gaspillage alimentaire

AFP TV (1ère partie)



AFP TV (2ème partie)



AFP TV (3ème partie)

 

Le Parisien TV


Blog Le Monde – Arash Derambarsh est bien à l’origine de la loi sur le gaspillage alimentaire

Gaspillage alimentaire : Arash Derambarsh est bien à l’origine de la loi


Arash Derambarsh et les bénévoles à #Courbevoie © Copyright Joel Saget - AFP.
Arash Derambarsh et des bénévoles à Courbevoie
© Copyright Joel Saget - AFP.
Enquête - Blog Le Monde - 21 juillet 2015
Arash Derambarsh, élu municipal à Courbevoie, est à l'initiative de la loi sur le gaspillage alimentaire en France, voté à l'unanimité le 21 mai dernier à l'Assemblée Nationale. Toute la presse internationale a salué son travail.
Décidé d'aller plus loin, avec de nombreux soutiens de poids (la Croix Rouge française et Action Contre la Faim), il vient de s'engager dans une campagne européenne afin d'obtenir une directive européenne dans les prochains mois. Il espère faire voter une directive européenne avant la fin de l'année.
Mais alors que ce travail de terrain a été reconnu et salué par la grande majorité de l'opinion publique, il a pourtant été récupéré par Ségolène Royal le vendredi 10 juillet 2015.
Par deux tweets ("ma proposition" et "#LoiRoyal"), la ministre a mis en colère M. Derambarsh et ses nombreux soutiens. "Elle méprise le travail de terrain de centaines de bénévoles, et cette façon de faire de la politique est une imposture", affirme Arash Derambarsh. Certains y verraient une petite maladresse ; Lui, y voit plutôt une "vraie erreur politique" et ne tarde pas à le déplorer dans les médias. Ce n'est pas faute d'avoir demandé un rendez-vous. Mais l'élu de Courbevoie n'a jamais été reçu. Ségolène Royal étant visiblement "débordée de travail et indisponible". Toutefois, faute de ne pas avoir obtenu une rencontre avec la ministre, Arash Derambarsh a tout de même avancé dans sa quête.
Loi Macron : Amendement déposé au Sénat.
Très présente et visible sur Twitter, soutien de la première heure d'Arash Derambarsh durant sa campagne municipale à Courbevoie, Nathalie Goulet a saisi l'opportunité de la loi Macron pour y faire glisser un amendement.
Celui-ci a été voté à l'unanimité par les sénateurs le 10 avril 2015. Toutefois, il ne concernait que les supermarchés de plus de mille mètres carrés et ne prévoyait qu'une simple "faculté" de distribuer les invendus consommables. L'obligation avait donc disparu.
Qu'à cela ne tienne, Arash Derambarsh cherche une nouvelle loi pour y glisser un amendement prévoyant l'obligation.
Deux amendements similaires déposés à l'Assemblée Nationale. L'un accepté, l'autre pas.
Guillaume Garrot n'est pas non plus à l'origine de cet amendement voté le 21 mai. En effet, il convient de connaitre les coulisses de cette affaire.
Par deux fois, Guillaume Garot exprime son opposition à la proposition d'Arash Derambarsh (Le JDD - 05 avril 2015 et Le Monde - 6 avril 2015).
Lorsque l'amendement a été voté au Sénat, Arash Derambarsh et le député Frédéric Lefebvre (UMP - Les Républicains) se concertent.
Il convenait d'obtenir plus qu'une simple faculté. C'est alors que la loi "transition énergétique" a pointé son nez dans les débats. L'occasion était trop belle pour la manquer. Il y avait une fenêtre de tir pour y intégrer un amendement.
C'est ainsi que le député Frédéric Lefebvre décide alors de déposer à l'Assemblée Nationale l'amendement "Arash Derambarsh", fondé sur sa pétition. Il le dépose en premier (Amendement 700).
Ayant appris cela, le député socialiste Guillaume Garot s'empressa de déposer aussi un amendement identique (amendement 900) une heure et demie après celui du député UMP (Républicains aujourd'hui).
Le groupe socialiste étant majoritaire à l'Assemblée Nationale, il était dès lors aisé d'écarter l'amendement de Frédéric Lefebvre au profit de l'amendement Garot, et de faire croire qu'il en était à l'origine. Ceci afin d'obtenir une couverture médiatique et un gain politique. Qu'importe d'ailleurs la conviction personnelle et l'opposition permanente à la proposition d'Arash Derambarsh (JDD et Le Monde).
Guillaume Garot n'était pas à son premier coup d'essai. Rappelons que le député Jean-Pierre Decool (UMP - Les Républicains) avait déposé une proposition de loi pour lutter contre le gaspillage alimentaire, le 19 décembre 2014. Cette dernière avait finalement fait l'objet d'une "motion de renvoi" en commission. Monsieur Garot souhaitait coûte que coûte donner son nom à la loi.
Mais la persévérance et la force de frappe inouïe d'Arash Derambarsh a imposé l'ancien ministre délégué à l'agroalimentaire de se ranger sur sa proposition fondée sur la pétition de Change.org.
En effet, de nombreux ténors du PS ont demandé à M. Garrot de soutenir cette proposition (en exclusivité la lettre de Jack Lang à Guillaume Garot) ou encore les députés Alexis Bachelay et Pouria Amirshahi. Enfin et surtout, il y a eu le soutien de l'Elysée. Ainsi, le chef de cabinet adjoint, Christophe Pierrel et Philippe Vinçon (conseiller agriculture du Président de la République) ont reçu Arash Derambarsh et sa délégation, le 5 mai 2015, en présence de Guillaume Garot.

Lettre de Jack Lang à Guillaume Garot

Après la France, l'Europe !
Arash Derambarsh, accompagné de bénévoles de Courbevoie, a été reçu le 11 juin à l'Elysée par Patrice Biancone (conseiller ONG et associations auprès du Président François Hollande) avec la direction des ONG de "la Croix Rouge Française" et "d'Action Contre la Faim". L'élu municipal a reçu un soutien de la Présidence de la République afin d'étendre la législation Française dans l'Union Européenne.
Celui-ci souhaite appliquer le traité de Lisbonne en invoquant l'initiative citoyenne européenne (ICE). Créé par le traité de Lisbonne en 2007, l'Initiative Citoyenne Européenne permet à chaque citoyen de participer à l'élaboration de la législation européenne. Le texte doit recueillir 1 million de signatures dans un quart des pays de l'Union Européenne, avec un seuil minimum pour chaque pays.
La pétition d'Arash Derambarsh est co-lancée avec Nicole Fontaine et Mathieu Kassovitz (France), Daniele Messina (Italie), Frédéric Daerden (Belgique), Nikos Aliagas (Grèce), Manuel Bruscas (Espagne), Tristram Stuart (Royaume-Uni), Claudia Ruthner (Allemagne).
Coup de théâtre européen !
Ce fameux 19 décembre 2014, lorsqu'il a commencé à distribuer des invendus consommables dans le centre commercial de Charras de Courbevoie, avec l'accord du supermarché Carrefour Market, peu de ceux qui ont pu en bénéficier pouvait alors penser que derrière le sourire généreux de ce trentenaire hyperactif, Arash Derambarsh souhaitait surtout que cela devienne la règle au niveau hexagonal puis au niveau européen. Huit mois plus tard, son obstination commence à payer.
Ainsi, dès lors que l'amendement interdisant aux grandes surfaces de de ne plus jeter leurs invendus alimentaires et (/ou) de les détruire mais de les fournir à toutes associations qui en feraient la demande, l'élu courbevoisien se tourne sans plus attendre vers le droit communautaire. Et sans même attendre que les décrets d'application soient publiés au Journal Officiel en France.
En concertation avec la députée européenne Angélique Delahaye, l'amendement est adopté par le parlement européen le 9 juillet.
"Pour rendre applicable tout ça sur le continent, il faut maintenant que ça soit validé par la Commission Européenne et j'espère que ce sera fait avant la fin de cette année", espère le dynamique conseiller municipal.
Plus discret sur la suite de son travail, à peine reconnait-il, à demi-mot, qu'il va rencontrer "de nombreuses personnalités" d'ici à la fin de l'année. Alain Juppé vient d'ailleurs de lui apporter son soutien.
Il y a fort à parier qu'Arash Derambarsh ne manquera pas d'énergie pour que l'agenda qu'il a en tête, se concrétise dans les faits, dans le second semestre 2015 et que son projet soit applicable dès 2016 dans toute l'Europe.
Rendre à César ce qui appartient à César.
D'un travail de terrain à Courbevoie, jusqu'au parlement européen, Arash Derambarsh aura été le "Robin des Bois français" de 2015, comme l'a titré fort justement l'AFP dans un portrait le concernant.
L'élu de Courbevoie a réussi l'exploit de devenir "la figure internationale du gaspillage alimentaire" en seulement quelques mois. Et de faire bouger les lignes de notre pays au profit des démunis.

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